- EAN13
- 9782296305557
- Éditeur
- Éditions L'Harmattan
- Date de publication
- 1995
- Collection
- Lettres du monde arabe
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Livre numérique
Autre version disponible
-
Papier - L'Harmattan 14,50
" A Tanger, me dit-elle, n'oublie pas de passer par le boulevard du front de
mer, je voudrais remonter la rue Marco Polo. Depuis l'Indépendance, la rue
Marco Polo porte le nom d'un autre voyageur, Ibn Jobair ou Ibn Zoubair, je ne
sais plus. Ce qui me déprime le plus, me dit-elle, c'est que Marco Polo, tout
comme Ibn Zoubair d'ailleurs, n'aurait sûrement pas aimé se retrouver ainsi
confrontés aux intrigues des vivants. Le voyageur arabe était parti lui aussi
vers d'autres atlantides pour débarquer un jour en Sicile et revenir ravi par
l'accord entre les Grecs, les Latins, les Juifs et les Sarrazins. Tu sais,
j'ai vu Syracuse et surtout l'île d'Ortygie qui n'est plus une île depuis que
deux ponts la relient à la métropole. Ce nom m'avait plus d'une fois choqué
car pour moi, il ne pouvait y avoir qu'une Ortygie, Délos. Un voyageur en
remplace un autre, m'avait-elle dit, ils ne le savent même pas. Désert ou mer
qu'importe puisque vous êtes là, côte à côte, sans le savoir et les vivants
n'ont qu'à lever les yeux pour vous voir collés à ce coin de mur blanc qui
murmure parfois : où êtes-vous ? "
mer, je voudrais remonter la rue Marco Polo. Depuis l'Indépendance, la rue
Marco Polo porte le nom d'un autre voyageur, Ibn Jobair ou Ibn Zoubair, je ne
sais plus. Ce qui me déprime le plus, me dit-elle, c'est que Marco Polo, tout
comme Ibn Zoubair d'ailleurs, n'aurait sûrement pas aimé se retrouver ainsi
confrontés aux intrigues des vivants. Le voyageur arabe était parti lui aussi
vers d'autres atlantides pour débarquer un jour en Sicile et revenir ravi par
l'accord entre les Grecs, les Latins, les Juifs et les Sarrazins. Tu sais,
j'ai vu Syracuse et surtout l'île d'Ortygie qui n'est plus une île depuis que
deux ponts la relient à la métropole. Ce nom m'avait plus d'une fois choqué
car pour moi, il ne pouvait y avoir qu'une Ortygie, Délos. Un voyageur en
remplace un autre, m'avait-elle dit, ils ne le savent même pas. Désert ou mer
qu'importe puisque vous êtes là, côte à côte, sans le savoir et les vivants
n'ont qu'à lever les yeux pour vous voir collés à ce coin de mur blanc qui
murmure parfois : où êtes-vous ? "
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