La solitude de l’amant de fond
EAN13
9782897594121
Éditeur
Atelier 10
Date de publication
Collection
Nouveau Projet
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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La solitude de l’amant de fond

Atelier 10

Nouveau Projet

Livre numérique

  • La solitude de l’amant de fond

    Aide EAN13 : 9782897594121
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    1.99
J’étais embêté. J’avais dit à Marianne que je ne sortais pas travailler ce
soir-là. Comme on s’était aperçus la veille qu’on habitait le même quartier,
l’idée d’arrêter chez Manelle durant mon trajet de jogging est venue d’elle-
même. J’ai donné le bain au petit, je l’ai couché et j’ai laissé Marianne et
Gaëlle devant la télé en enfilant ma tenue de course et mes espadrilles. J’ai
dit à Marianne qu’on pourrait se trouver quelque chose à regarder sur Netflix
à mon retour. Je suis sorti de la maison et me suis mis à gambader sur les
trottoirs luisants de pluie jusqu’à la porte de l’appartement de Manelle. J’ai
gravi les escaliers en faisant grincer le fer forgé, je suis entré sans
frapper et j’ai suivi les Dear Criminals jusqu’à la porte entrouverte de sa
chambre. Manelle m’attendait flambant nue, étendue sur les couvertures. Elle
m’a enfilé une capote en riant pendant que j’enlevais mon linge et je l’ai
baisée l’équivalent d’un 5 km. La course à l’horizontale était née. C’est
devenu par la suite une inside joke avec mes vrais partenaires de course,
Antoine, un vieil ami, et Lucie, du bureau, qui me testaient: — Vas-tu courir
à l’horizontale ou à la verticale aujourd’hui ? Les deux ne me jugeaient pas
trop. J’étais un mari de 40 ans qui venait de se mettre à l’adultère pour
ventiler un excès de responsabilités professionnelles, par crise existentielle
ou par ennui. Je ne tenais pas mordicus à savoir. Je courais à l’horizontale.
Le monde reprenait de ses couleurs. J’avais plus d’énergie en tant que père,
en tant que patron et, ironie prévisible, en tant que mari. J’étais plus
attentif et attentionné envers les gens qui m’entouraient, plus sensible à la
circulation des corps dans l’espace, à commencer par la mienne. Je courais à
l’horizontale. C’était l’alibi parfait pour quitter la maison, ne pas
m’éterniser chez des inconnues et prendre une douche rédemptrice au retour. La
vie était belle.
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