MSM, barbouze de la République. Requiem pour un Savoyard

**Extrait**

**CHAPITRE 1**

Alain de Syr décida d’allonger la foulée. Parti depuis plus de trente minutes,
son second souffle semblait enfin prendre son rythme de croisière. Son coeur
ne s’affolait plus, ses jambes ne le faisaient plus souffrir et ses bras en
communion avec sa respiration donnaient la cadence de son footing. Quel
bonheur de sentir sa souffrance intérieure s’apaiser, d’apprécier ces moments
d’harmonie où le corps et l’esprit sont en symbiose dans un ensemble parfait.
Courir était une thérapie qui lui permettait de décompresser de sa vie
trépidante et stressante d’homme d’affaires où le poids de ses décisions
pouvait influencer bien des destins. Parfois, le nez plongé dans ses baskets,
bon nombre de ses choix ou stratégies d’entreprise avaient été pris lors de
ces moments d’efforts. Et il s’était rarement trompé. La course à pied devait
être pour lui un plaisir solitaire. Son instant intime pour reconnecter et
réconcilier la tête avec les jambes afin d’aller plus loin dans la recherche
de la performance sportive et de facto dans sa puissance de travail.
Dans ces moments de dure réalité économique, sa place à la tête d’un empire
financier et immobilier faisait beaucoup d’envieux. Son groupe, la S2A
(Société Aménagement Alpin) était leader, dans la région Rhône-Alpes, dans la
réalisation d’infrastructures routières, la construction de grands ensembles
immobiliers en milieu montagnard et le développement de remontées mécaniques
dans les massifs alpins. L’entreprise familiale du début des années 80 avait
fait place à un grand consortium, coté en bourse, qui faisait le bonheur de
ses actionnaires. Mais Alain de Syr avait toujours gardé le pouvoir
décisionnaire de son empire en restant majoritaire à 51 % de sa société. Une
manière pour lui de régner sans partage.