Le Prince
EAN13
9791090338401
Éditeur
Kinoscript
Date de publication
Collection
Philo-voyou
Langue
français
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Le Prince

Kinoscript

Philo-voyou

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9791090338401
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Le Prince est une véritable aberration philosophico-littéraire. D’abord parce
que ce n’est pas de la philosophie, à proprement parler. Celle qu’aiment les
fabricants de concepts, les universitaires de haut vol ou les intellectuels à
chemise blanche. En effet Machiavel rédige un « portrait de prince », genre
littéraire de la Renaissance, où l’auteur adressait un certain nombre de
conseils à un Prince dans un horizon verteux : le bien, l’honnête, le juste,
la tempérance... autant de valeurs idéales auxquelles l’impétrant roi se
devait de faire allégeance.

Mais, à cette époque, ce n’est pas parce que c’est « littéraire » que c’est de
la littérature au sens où nous l’entendons. Jadis, le mot désignait toute
production écrite - litterae - en latin. Soyons clairs : au XXIe siècle ce
livre se verrait évincé des grands éditeurs, rejeté par les distributeurs et
méprisé des libraires. Sans parler des lecteurs, pour qui la dimension
pratique de l’ouvrage serait un motif suffisant de dédain. Qui plus est à un
roi. Imaginez un recueil de conseils retords et tordus, adressé à Chirac,
Sarkozy, ou Hollande, les invitant à la cruauté, la malice, la force et le
volonté de puissance...

La dernière aberration, c’est que Machiavel semble, d’après la tradition,
l’homme d’un seul livre. Le Prince... de Machiavel. Machiavel ou l’auteur du
Prince. La périphrase semble quasi-homérique, une épithète de nature... et
pourtant Machiavel est un polygraphe de talent. Poésies, théâtre, récits de
voyage, réflexions sur l’histoire, histoires florentines, art de la guerre,
rapport de diplomatie, critique littéraire. Rien ne semble lui avoir échappé.
Cette réédition est une invite à découvrir Machiavel et son œuvre et non
Machiavel et son Prince.

Enfin, ce qui donne une ultime valeur à cet inclassable traité, c’est qu’il
réactive toute une philosophie qui ne sera jamais à la mode : celle des
sophistes, celle des adversaires de Platon, celle des « prostitués du savoir
», comme les nommera avec tendresse Xénophon. On peut comprendre les réactions
vives : Il n’y a rien à sauver chez Machiavel. Tout n’est que feinte, ruse,
manigance, combines, assassinats, complots ourdis ou déjoués. Force, violence,
cruauté, intelligence... occasion et fortune, chance et hasard. Le monde de
Callicès, la loi du plus fort.

Des générations de philosophes ont voulu la slavation du penseur. Rousseau y
vit un précurseur républicain, presque démocrate. On lui emboîta la pas. La
mal était fait. L’humble vérité, la jouissive révélation, est que Machiavel
est irrécupérable. Pour cette raison là, il est urgent de le lire.

Ce texte reprend l’édition du traducteur Jean-Vincent Périès en 1825.

Avis aux lecteurs à la bonne conscience : ne pas lire ce livre.
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