Les invités

Pierre Assouline

Folio

  • 21 juillet 2010

    Un couple de bourgeois invite à sa table quelques-unes de ses meilleures relations. La maîtresse de maison, en fin métronome, prévoit tout dans les moindres détails pour que son repas soit une réussite : les invités sont triés, le plan de table est vu, revu et corrigé pour tendre vers la perfection, le menu est savamment élaboré afin de ne pas proposer de recettes qu'auraient déjà dégustées certains convives, les couverts sont dressés au millimètre près... Pas un grain de sable ne doit venir enrayer la soirée organisée par "Madamedu".

    Les invités arrivent petit à petit : un célibataire "confirmé" accompagné d'un ami qui ne fait pourtant pas partie des invités, tous deux détestent les futilités ; un ambassadeur et sa femme au franc-parler bien souvent inapproprié ; un couple "un goût pour deux", de la graine de nouveaux riches, une paire indissociable qui ne doute de rien ; l'invité d'honneur, un riche industriel canadien ; un couple mal assorti, monsieur est avocat et sa femme, surnommée "La mère Lachaise" (elle ne raterait jamais un enterrement...), mystérieuse et troublante. La description de chaque personnage est détaillée. Les invités prennent forme à travers les portraits que dresse l'auteur. L'on peut ainsi s'imaginer pleinement les différents protagonistes de ce repas, certains étant même caricaturés volontairement.

    Au final, donc, 14 invités, en incluant la maîtresse de maison et son mari. Ils sont prêts à passer à table mais l'un d'eux s'aperçoit alors qu'il n'est pas à la bonne soirée : il s'est trompé d'étage... Bien que la maîtresse de maison se soit déjà accommodée de la situation, le "faux" invité quitte l'appartement... Il ne reste plus que 13 convives. Un chiffre porte-malheur ! L'une des invitées s'en rend compte. On frôle l'incident diplomatique. Pour remédier à cette situation, "Madamedu" propose de se retirer. Pas question pour ses invités ! Une nouvelle « invitée » est alors choisie au mépris de la bienséance : il s'agit de la bonne, Sonia, une jeune musulmane thésarde ! Au grand dam de certains, pour le plus grand plaisir des autres. Le repas va alors peu à peu dérapé... mais pas forcément de la façon dont on pourrait le penser... Pierre Assouline inverse les rôles du "Dîner de cons" !