Stasiland

Anna Funder

Héloïse d'Ormesson

  • Conseillé par
    25 juin 2024

    RDA

    Je commence par ce qui m’a gêné : ce roman est mal écrit, j’ai dû relire certaines phrases plusieurs fois pour en percer le sens. D’ailleurs, est-ce vraiment un roman ? Qu’y a-t-il d’inventé dans ces pages ? Tout ? Rien ? Et si la vie quotidienne en Stasiland était un roman, c’était un roman noir.

    Je continue par ce que j’ai appris :

    * tous les vêtements étaient étiquetés Manufacture du Peuple (si vous traversiez la frontière, vos vêtements pouvaient vous trahir)

    * vous pouviez ne pas avoir d’emploi par ordre de la Stasi, ce qui rendait impossible à Amnesty International une quelconque action

    * vous n’étiez pas chômeur (il n’y avait pas de chômeur en RDA), vous étiez en recherche d’emploi

    * le parti a inventé la danse branchée Lipsi pour répondre à Elvis et au rock’n roll, une danse qui mêle des pas de danse grecque, de gigue irlandaise, de valse, sur un air de bossa-nova

    * la Stasi avait irradié des personnes et des objets qu’elle voulait traquer (livres, pneus…). Le Bureau des dossiers de la Stasi recommande donc aux anciens prisonniers d’effectuer des examens médicaux réguliers

    * les cartes est-allemandes comportaient des zones blanches correspondants aux zones qui abritaient des bâtiments de la Stasi, qui avait une prison en plein Berlin

    * les femmes-puzzles (il y a aussi des hommes) de Nuremberg mettront plus de 400 ans pour reconstituer les dossiers broyés (ce qui montre le peu de cas que l’Allemagne fait de ces archives)

    * le QG de la Stasi était imprégné d’une odeur de vieillards, d’après la femme de ménage qui n’arrivait pas à la faire partir

    * le patron de la Stasi, Erich Mielke, n’avait que le mot pouvoir à la bouche, mais à tout de même demandé à consulter son dossier secret

    Ce qui intéresse l’auteure, c’est de savoir comment les gens jugent leur décision passé maintenant que tout est fini : certains hauts gradés rencontrés rêvent du retour des beaux jours ; les anciens prisonniers ont encore le Mur dans la tête (ils craignent son retour à tout moment).

    Bien sûr, le roman 1984 d’Orwell était interdit, car la vie des est-allemands correspondaient à la fiction.

    Certains habitants pratiquaient l’émigration interne (à la maison, on vivait sans les codes du Parti) pour pouvoir au-dehors supporter les mensonges du pouvoir.

    A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il n’y a pas eu de procès des nazis à l’est. De même après la chute du Mur, il n’y a pas eu de procès des cadres de la Stasi ni du Parti.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du lino omniprésent, l’auteur ayant l’impression de baigner dans le lino marron partout et tout le temps.