Antigraffitisme, Aseptiser les villes, contrôler les corps
EAN13
9782369351580
Éditeur
Le Passager Clandestin
Date de publication
Collection
ESSAIS, ENQUETES ET MANIFESTES
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Antigraffitisme

Aseptiser les villes, contrôler les corps

Le Passager Clandestin

Essais, Enquetes Et Manifestes

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Depuis une quarantaine d’années, les inscriptions urbaines et leurs acteurs
sont les cibles d’une lutte structurée mettant en œuvre toute une ingénierie
de contrôle, à la fois visuel et matériel, dans les espaces urbains. Dans le
monde, plusieurs milliards d’euros sont ainsi investis tous les ans dans les
systèmes de sécurité, de nettoyage et de prévention des graffitis. Graffeurs
eux-mêmes, les auteurs ont vu leurs inscriptions disparaître de plus en plus
rapidement. Leur regard s’est alors décalé : du graffiti, c’est sur son
effacement qu’ils se sont penchés. Cet essai illustré cherche à rendre visible
les stratégies et les dispositifs mis en œuvre dans cette lutte acharnée. Il
tente aussi d’en comprendre les fondements et les motivations en revenant sur
l’historique de cette répression qui remonte au XVIIIe siècle et à l’avènement
de l’hygiénisme. Ce courant de pensée, adaptant un ensemble de théories et de
pratiques médicales à l’architecture et à l’urbanisme, change radicalement la
perception de la ville, qui devient un corps atteint par des maux politiques,
sociaux et moraux à soigner. Pour soigner ce corps malade ou le maintenir en
bonne santé, il faut l’assainir, le nettoyer. L’inscription perturbe, elle
n’est pas saine et l’effacer devient alors un acte de guérison, et intercepter
son auteur le moyen d’éviter une contagion. Dans les années 1980, la
répression des graffitis devient une activité économique importante avec ses
industries, ses chercheur·ses, ses entreprises. Aujourd’hui, la lutte contre
les inscriptions participe ainsi à l’attraction économique des villes, devenus
des terrains d’investissement et de consommation qui doivent être ordonnés,
lisses, propres. La lutte contre les inscriptions intègre alors l’espace grâce
à l’antigraff design. Les matières, les formes et les couleurs des villes sont
sélectionnées pour prévenir l’apparition d’inscription ou mieux résister aux
méthodes d’effacement. Les aménagements urbains deviennent mobiles,
démontables, jetables, quand les vieilles pierres sont recouvertes de film
synthétique protecteur. S'appuyant sur de nombreux exemples en France (Paris,
Toulouse, Angers, Nice, le parcours du Tour de France...) mais également à
l'étranger (New-York, Tirana, Sao Paulo, Santiago, Hong Kong...), de la
répression de ce geste d’apparence anodine, les auteurs cherchent à comprendre
ce qui se joue dans la gouvernance des espaces urbains contemporains. Par-là,
ils alertent sur ces effacements qui sont aussi le signe avant-coureur de
logiques de contrôle urbaines bien plus insidieuses, qui ne concernent plus
seulement celles et ceux qui écrivent dans la ville. Après une licence de
droit, Jean-Baptiste Barra poursuit son parcours universitaire à la faculté du
Mirail et à l’ENSAV (École nationale supérieure d’audiovisuel) à Toulouse.
Dans son travail de thèse, il étudie les systèmes de répression du graffiti
dans les métropoles contemporaines. Sa recherche expose comment le
divertissement et l’esthétique dans les espaces urbains sont liés à des
logiques de militarisation, de traque et d’exclusion. Jean-Baptiste enseigne
aujourd’hui à l’ENSA (École nationale supérieure d’architecture) à Toulouse.
Il poursuit par ailleurs ses recherches sur l’urbain et continue à peindre les
murs. Timothée Engasser est diplômé de l’ENSAV (École nationale supérieure
d’audiovisuel) et de l’Université Toulouse II Jean Jaurès, où il a mené une
thèse sur la manière dont l'effacement des inscriptions urbaines peut être
révélateur de logiques de contrôle. Installé à Marseille, il écrit un
documentaire expérimental qui questionne notre rapport aux lieux des fêtes
sauvages, à la musique électronique et à leur mysticisme. Au sein de ses
créations cinématographiques comme de ses publications, il développe son
intérêt pour les traces et les marques, qu’il suit comme des indices de
parcours de vie et de vécus. Timothée et Jean-Baptiste se sont rencontrés à
l’ENSAV (École Nationale Supérieure d’Audiovisuel) à Toulouse avant de mener
ensemble un travail de recherche, construit autour d’une amitié et d’une
passion en commun : le graffiti. Ils ont réalisé ensemble un film documentaire
(Tenace) qui accompagne leurs thèses, ainsi que deux ouvrages photographiques
: Occupation visuelle (Ombu édition) et Dumb city (édition Terrain Vague).
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