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21 septembre 2011

Merveilleux

Style original pour une biographie décalée d’une artiste hors norme : Patti Smith. L’auteur nous ouvre les portes d’un monde parallèle au point de rencontre impossible pourtant les lois mathématiques sont parfois brisées en un point de choc, là où les ondes n’en finissent pas de bousculer une vie.

Un monde musical, poétique, littéraire parfois aux affluents de l’ excessif et de la fragilité mais toujours dans ce besoin de vivre ses rêves plutôt que de vivre pour rêver.

Une écriture ronde, rockeuse, l’anglais et le français se chahutent en toute amitié. Néophyte ne craignez rien, un anglais basique style scolaire est amplement suffisant pour ne pas perdre pied.

Sept grand moments de la vie de Patti Smith, des retours en arrière comme le remous des vagues et nous aurons le plaisir de croiser notre chère Virginia Woolf, car Patti Smith est une artiste au pluriel, chanteuse, mais aussi peintre, poète, elle a mis en œuvre des textes de Virginia, comme quoi, l’image du rock n’est pas toujours celle que l’on peut supposer. Patti est une inconditionnelle de Rimbaud, (pour la petite histoire, sachez qu’elle est venue dans nos belles Ardennes lui rendre hommage), aux influences de Bob Dylan également, nous retrouvons les teintes d’une Amérique avec la beauté d’une poésie haute de gamme.

Dans l’écho de cette double histoire, on effleure les problèmes d’une jeunesse en mal de s’épanouir, et s’émanciper, ne plus subir les ordres des parents, suivre le droit chemin misérable de tout à chacun, Patti était ouvrière, et si elle n’avait pas osé le saut, que serait-elle aujourd’hui. Une femme usée, casée, grattant ces quatre dollars pour manger. Oser vivre vos rêves voilà la moralité de ce livre.

Page 17 : Une après-midi sur la Côte Bleue, je l’ai entendue chanter et elle m’est entrée dans le corps, à l’endroit exact où le corps est tout, les sens, les émotions, l’intelligence, l’esprit, tout. La grâce d’une voix m’a traversée une après-midi de l’année 1976 au bord de la mer. Elles me sont entrées dans le corps, la femme, l’artiste, l’inclassable, la rebelle.

Chaque mélomane se retrouvera dans cette histoire, chacun dans sa vie, a fait cette rencontre fabuleuse d’une voix, d’une musique qui nous poursuivent tout le long de notre vie, et chaque nouvelle rencontre, ce jour rejaillit comme si le temps n’avait pas eu d’emprise. C’est le morceau qui nous colle à la peau, c’est une voix qui nous envoûte, des sonorités qui nous résonnent. La vibration d’une passion, d’un fil invisible entre deux mondes, cette chose indéfinissable de ce mot MUSIQUE ! Ce phénomène qui touche le corps mais aussi l’âme, qui nous transporte loin et ailleurs, qui nous réveille ou nous soulage, nous dit que le monde n’est pas uniquement ce que nos yeux peuvent voir mais bien plus, il suffit parfois prendre la peine d’y croire et de se laisser porter par cette vague déferlante qui nous emmènera au haut que tous les sommets du monde.

Merveilleux livre pour découvrir cette artiste qui a su contrairement à ses congénères vivre de sa musique sans tomber dans le piège des substances prisées par les artistes, elle a su être Elle, vivre sa vie malgré les noirceurs qui ont terni son existence.

Des extraits en pagaille pour un livre papillon qui m’a donné cette envie d’écouter cette artiste à la voix incomparable. J’écoutais plus Marianne Faithfull durant mon adolescence et c’est avec plaisir que je redécouvre Patti Smith à travers cette biographie. Les années ont passé mais il y a comme ça des artistes qui semblent éternels, indémodables et je crois que Patti au même titre que Dylan, Hendrix, Joplin, Morrison, restera parmi les incontournables qui ont marqué la musique d’une époque loin d’être révolue.

Page 65: Je rêvais beaucoup, je rêvais à ma vie. C’est là que je me suis dit pour la première fois, tu feras ta vie comme tu la rêves, dream it, rêve ta vie, tes vies. J’en aurai plusieurs, c’est l’histoire que je me suis racontée très tôt dans ma tête.

A travers ce voyage des années 70-80, la nostalgie sans doute fleurit ici et là, mais l’espoir que porte les paroles des chansons en sourdine dans notre tête, cette force qui jaillit de ce discours, pour toutes les faiblesses et les doutes d’un ado, rend cette histoire troublante et émouvante.

La révolte d’une enfant envers l’autorité qui bride une jeunesse qui brise les rêves, cette volonté de devenir autre que l’image des parents, peut-être un peu celle de nos idôles, peut-être l’image d’une jeunesse pleine de promesse.

Beaucoup de chemins au fil des pages, énormément de point de suspension comme ça qui nous laisse dans ce doux cocon, un brin blessant quand nous mêmes nous n’avons pas su vivre nos rêves ! Peut-être que ce livre est déjà trop tard pour certains, mais pour d’autres, un message de dire oui à nos envies, briser le mur et s’échapper loin devant loin vers ce monde qui nous tend ses bras.

Je ne vous mettrai pas tous les extraits que j’ai retenus, lus et relus, j’aimerais uniquement dire que ce livre est un livre plein de rêves. Qu’on aime ou pas Patti Smith, c’est bien plus qu’une biographie, c’est bien plus qu’un livre, c’est un moment de délices.

Et bien l’essentiel : une belle rencontre avec Patti Smith, avec la musique et les mots. J’ai conscience que je suis à mille lieux d’avoir exposé toute la richesse de ce livre, mais toutes les portes restent à ouvrir pour explorer le monde de Patti Smith, je vous laisse ce bonheur : au moins entr’ouvrir en l'écoutant !

Sabine Wespieser Éditeur

15,20
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28 août 2011

Une histoire qui se dévoile à petits pas feutrés. Un récit court mais qui pourtant demande une certaine lenteur pour pénétrer au cœur de la faille. Nestor rend les armes, le titre interroge. Un homme qui se calfeutre dans son obésité, se terre dans une solitude qui semble lui convenir. Seul horizon d'évasion, cette image illustrant un phare.

Page 12 : Longtemps, il avait pensé que la solitude était un sentiment. Maintenant il l'apparentait aux branches nues des arbres ou au sang qui coule dans les veines. La solitude n'était pas une inclination du cœur mais un élément organique, inscrit dans les lois du monde. Nestor s'était résigné à cet ensemble de règles qui verdit les feuilles, dicte les rencontres, massacre les vies pour en épargner d'autres.

Le récit se pose en douceur, malgré les sujets parfois blessants que l'auteur aborde. Tout semble amoindri par cette pudeur avec laquelle les personnages se dévoilent au fil des pages. Le début se porte sur l'obésité et ses travers, le regarde des autres, cette forme d'infirmité latente, non reconnue mais moquée. Puis vient le problème de la solitude, de cet homme qui a fui son pays, une plaie ouverte s'agrandissant avec l'accident de sa femme. Sur son lit d'hôpital, elle végète entre la vie et la mort. Nestor est seul avec sa souffrance, il lit les cahiers de Mélina. Acide vérité qui éclabousse la réalité du destin.

Quotidiennement, il se rend au chevet de son épouse, comme dans une bulle, la routine semble le tenir debout. Dans cet univers où le regard ne se porte plus sur son obésité, il se sent comme un malade parmi les autres.

Page 16-17 : Il arrivait à l'hôpital (...) ---- Sa démarche devenait plus souple. Son large dos s'accordait au décor. Personne ne le remarquait. C'était la fin du calvaire. Ici s'ouvrait le royaume des difformes, tandis qu'à l'extérieur palpitait la vie du matin. Certains traînaient une perfusion à roulettes. La plupart avançaient en somnambules. Nestor était chez lui. Il se sentait admis au sein d'une confrérie résignée à écouter seulement le bruit du dehors.

Un médecin, s'intéresse à lui, et le prendre sous son aile simplement et naturellement. Une nouvelle histoire commence. L'être n'est plus une enveloppe charnelle, mais un homme avec son passé, ses souffrances, mais aussi ses qualités, sa sensibilité, ses cauchemars. Comment dissiper cette brume opaque qui s'abat sur son avenir ?

Page 25 : Que pouvait-il lui arriver encore ? Quel châtiment le sort lui réserverait ? En réalité, Nestor dégringolait avec la majesté d'un oiseau suicidaire. Il se laissait glisser, conscient qu'à n'avoir aucune raison de vivre, on n'en a pas non plus pour mourir.

Page 60 : Elle saisit Nestor par l'épaule et l'obligea à s'étendre. Il n'opposa aucune résistance quand elle déboutonna sa chemise. Il se laissa toucher, tellement honteux que même la honte lui était égale. Sa chair débordait du pantalon, s'amassait sous les bras, faisait des bourrelets dans son cou. Mais elle cédait sous des gestes précis. Nestor n'était plus gros, ni déraciné, ni vieux. Il était un ensemble de connexions nerveuses et sanguines. Les médecins traitaient des corps en plainte. Ils se fichaient de leur fortune, de leur déboires ou de leur rang.

Page 72 : "Pourquoi tu t'intéresses autant, à ce gros père ?" avait souri un confrère en se lavant les mains. Alice avait haussé les épaules. Il aurait fallu expliquer qu'à certains moments, une personne valide peut porter en elle l'infirmité de son conjoint. Alors, les soins prodigués à celui qui reste sont ceux qu'on donnerait à sa moitié alitée. Mais elle ne dit rien, et le confrère lui lança un clin d'œil.

Une plume élégante, tout en finesse nous transportant dans ce récit non en voyeur mais en ami ne pouvant hélas rien changer aux faits. On découvre Nestor et son refuge dans l'obésité, Mélina est cet enfant perdu, Maria l'amie restée au pays, ce médecin sans doute qui se dissimule également derrière sa blouse mais réellement, n'est-elle pas aussi une personne en quête d'un renouveau ?

Un très beau récit, conté de façon originale, nous sommes, lecteur comme dans un paysage de brume, l'histoire nous est révélée, en douceur par la découverte de Nestor et de sa vraie valeur humaine.

Page 94 : Le cœur d'Alice tressautait. Elle regardait ces dos larges, aux épaules rondes. Ces démarches d'animaux lourds frayant parmi les chevreuils. Ces toupies trop lentes que l'on heurte du pied. Alors elle sentait un chagrin immense déferler en elle. C'était la peine des combats perdus, c'était la mort des mères et de leurs élans.

L'auteur offre trois issues à cette histoire, comme trois chances à donner à Nestor, je ne pourrais dire laquelle des trois est la mieux, je choisis les trois et laisse se dessiner trois fins inédites.

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16 juillet 2011

La fausse porte, et une porte dissimulée dans les remparts de la ville de Senlis connut uniquement par les habitants du coin, c’est là que le gamin retrouve son ami Régis, là où ils cachaient leur cartable après la classe avant de renter chez eux.

Une porte à pousser, celle des souvenirs d’un gamin qui quitte le primaire pour affronter le collège : des interrogations, des peurs et l’apprentissage d’une vie scolaire quelque peu dépassée de nos jours. Un bouleversement total !

L’absence du père qui pèse lourd qui plane comme un abandon, mais une mère aimante et douce, la vie qui suit son cours envers et contre tout.

L’auteur nous évoque cette partie de l’enfance, les vacances dans la famille, les amours d’une cousine, les amitiés qui s’évaporent avec le temps, un tendre tableau des années soixante, qui nous met en pleine face l’époque révolue d’une éducation stricte sur les bancs de l’école. Tout lecteur qui a connu un peu cette époque même encore les années 70, sourira peut-être avec une pointe de nostalgie, toute la nouvelle génération, s’indignera sans doute de découvrir les pratiques scolaires au sein d’une école privée catholique.

Au-delà de ces souvenirs, on aborde la solitude de l’enfant face aux changements qui bouleversent : les angoisses, la perte des amis, et la difficulté à se faire sa place au sein d’un groupe. S’imposer, se rebiffer, ou se faire tout petit ! Quitter l’enfance sans arrière goût de nostalgie, affronter le monde acide des adultes, au fil du récit on tangue vers cette évolution inexorable et puis on ressent soudain l’enfance s’effeuiller de page en page pour arriver à la fin à une métamorphose qui se devine sur un diapason qui sonne la déception. La vie n’est pas toujours celle qu’on imagine, le parcours devient vite celui du combattant, il faut se battre ou être battu, le gamin en fera les frais pour ensuite retourner ce lot de haine vers les plus faibles.

On ressent la souffrance de cet enfant et puis, il trouvera un réconfort en s’évadant dans les livres.

Page 67 : Mme Fiévet me permet de feuilleter des heures, m’installer dans un coin et lire sans acheter. son magasin sent le papier, le bois ciré, la colle. L’encre neuve. Le plastique des protège-cahiers. J’y vais de plus en plus souvent. Le jeudi et quelque fois le soir en sortant de l’école.

C’est un doux rêveur, qui ne comprend pas toujours ses actions, et les blessures qu’il doit subir, celles des autres volontaires, et celles de la vie inévitables comme le deuil.

Une lecture toute en tendresse, sans grande fioriture, mais qui nous rappelle que le passage de l’enfance vers ce monde inconnu et austère de l’adulte peut terrifier plus d’un enfant. Un moment difficile qui demande des réponses à ce flot d’interrogation.

Une plume légère parfois poétique, tendre

page 24 Je m’allongeais dans l’herbe au pied du grand cèdre , à regarder, par-dessous, les branches nager au courant du vent en algues dans le ciel. La rivière à l’envers. Et je courais, souvent, à attraper mon ombre.

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1 juillet 2011

un petit récit mais un très grand moment de lecture

Un petit livre mais un concentré d’émotions. Dans la banalité des jours, une bride de conversation de deux adolescentes de 14-15 ans va bientôt bousculer la quiétude d’un petit village. Deux gamines qui ont choisi leur destin quelque peu abrégé. Le style est superbe et nous emporte dans une déferlante d’interrogations, malgré la tragédie qui se trame, l’auteur a su faire preuve de douceur et de poésie. L’atmosphère est bien posée, tout semble calme et les deux jeunes filles paraissent sans problèmes majeurs :

“De ces deux jours d’attente, de fébrilité silencieuse, peu de chose à raconter. on aurait dit des anges. A la table du dimanche soir, en famille, par d’orage, calme plat, genre famille je vous aime. Idem, le lundi, au collège. Pas de soupirs, par d’insolences. Du velours pur les profs, soulagés. De l’étonnement, peut-être de la déception, pour les vingt-trois filles et garçons de la classe, pas vraiment des copains, des gosses plus avachis que turbulents, surchargés d’ennui. “

Un mardi matin, le jour J du grand saut, elles vont comme si de rien vers leur destinée :

“Elles marchent. Leur bout du monde est à quinze kilomètres. Virgule trois. J’ai compté. Elles me bluffent. Comment ont-elles fait pour parcourir ces quinze kilomètres trois cents de collines, de bois, de champs à betteraves qui les séparent du village ? Je les imagine. Je les vois marcher. Elles ont opté pour le lent écoulement des choses.”

Dans un style fluide, le lecteur se glisse dans le récit, comme envoûté. Chaque chapitre donne la parole à des personnages différents, la prof, le cousin, une autre fille, une lectrice et le plus superbe : le paysage. Chacun donnant sa perception des choses, son étonnement du fait.

Une lecture époustouflante, qui nous fait frissonner, trembler. Le mal de notre jeunesse, ne pas trouver sa place ni croire à son avenir, et nous les adultes qui sommes là à laisser croire que tout est possible, mais dans la tête de deux jeunes filles, l’impossible est pour elles le choix le plus simple. Pourquoi ? Question qui revient. Pourquoi, à deux, ensemble, pourquoi là et pas ailleurs.

Une histoire qui bouscule , qui nous laisse dans un malaise sans nom, j’ai aimé le style et la construction de ce récit.

Choisir des morceaux, tout le livre y passerait, j’ai adoré cette écriture, j’opte pour le paysage :

Je suis le ciel. Je flotte sur la lande, sur la mer. J’enlace le paysage. Je protège la fin du monde. J’ai l’humeur changeante, j’aime les déluges, j’aime le calme. On me regarde. On me scrute. On attend de moi la paix. J’annonce l’hiver, jamais le printemps. Je dessine l’horizon et la faille. Je suis la lumière et l’infini. Je suis l’éternité, celle qui passe sans bouger.

roman

Points

6,70
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28 avril 2011

Un court roman tout en abysse, destin au bord de la falaise, souvenirs déchirants par les écueils d’une enfance brisée par la perte d’une mère aimante, brutalité d’un père, environnement de la banlieue où la délinquance flotte au quotidien… perdition dans l’alcool, la drogue et le sexe. Une famille qui explose en mille morceaux, projection d’un avenir incertain, une nuit, un homme se souvient de cette nuit-là où sa mère s’est jetée de cette falaise qu’il observe en nous contant la débâcle depuis ce drame.

Une écriture simple et légère mais une histoire dramatique qui démontre combien un adulte est bien façonné par son enfance et porte les marques de ce passage si important. Un départ raté et comment peut-il un jour ouvrir la voie vers un destin moins chaotique, moins douloureux ? Ce manque d’une mère, cette douleur portée au quotidien, ne peuvent guère dorer une vie si ce n’est l’amour vrai et sincère que lui offre cette femme à cet homme perdu, alcoolique au bord du suicide… Sera-t-il assez puissant pour le sauver ?

Un livre noir, qui se lit pourtant facilement tant on a envie de comprendre comment cet enfant meurtri a su avancé sur son chemin, malgré tout on ressent cette extrême fragilité à la lisière de son histoire, on le sent lui-même prêt à faire ce pas fatidique…

L’auteur par cette histoire nous offre certes un parcours malheureux mais nous démontre qu’il ne faut pas toujours porter un jugement sur les choix des êtres qui ne sont que les conséquences d’un passé difficile.

C’est ainsi qu’on peut imaginer parfois le grand désespoir des adultes qui ont sans doute comme le protagoniste, portés un lourd fardeau toute leur vie, et qui un jour n’en peuvent plus, décidant de tout lâcher, de sombrer dans l’alcool ou autre folie pour oublier ou en finir.

Combien l’enfance est importante qu’elle doit être douce et aimante, protégée, mais hélas si un drame surgit venant frapper, infligeant une blessure intense, ne peut que fragiliser l’être jusqu’à son dernier souffle.

On ressent combien le manque d’amour de cette mère fut cruel, et combien ce père indifférent, brutal, autoritaire n’a fait qu’aggraver la condition de ce cauchemar. Seul le soutien mutuel des deux frères a permis d’avancer quelque peu sans trop de dégâts malgré les abus en tout genre ; mais n’étaient-ils pas un moyen de combler ce grand vide, cette absence cruelle ?