Conseillé par
14 juillet 2013

Une intrigue plutôt classique mais un livre qui vaut le détour

L'intrigue policière est très classique. Il n'y a rien d'extraordinaire de ce côté là même si le suspense est bien mené, mais j'ai été totalement conquise par la plume de l'auteur délicieusement acérée et par les dialogues qui sont totalement savoureux. Elle dresse un tableau très noir de Londres, dénonce l'hypocrisie des plus riches et les faux-semblants. Les gentleman, ladies et hommes de foi en prennent pour leur grade !

J'ai adoré tous les petits détails d'époque et la façon dont l'auteur nous transporte en plein XIXème siècle. La période qu'elle a choisi est fascinante. Nous sommes en pleine période de renouveau pour Londres. La gare St Pancras est en pleine construction. Tout le monde s'active dans les mines. On s'y croirait. On a l'impression d'entendre les sabots des chevaux, de sentir les odeurs qui se mêlent et d'être enseveli dans le brouillard londonien presque palpable. On a l'impression d'être isolé et prisonnier de ce monde vaporeux, humide et étouffant. Le temps semble suspendu, c'est comme s'il n'y avait plus ni jour ni nuit. Les gens restent calfeutrés chez eux, attendant vainement que le brouillard se lève. Il y a des scènes très réussies qui deviennent effrayantes tant l'atmosphère est troublante. Le roman est partagé entre deux univers opposés qui forment un beau tableau londonien du XIXème siècle : d'un côté les quartiers pauvres et malfamés avec leurs odeurs nauséabondes, les nombreux accidents sur les bords de la Tamise, les voleurs, les ivrognes et les prostituées et de l'autre, les gens aisés chez qui tea time et brandy sont de mise et qui sont souvent couverts d'un épais vernis d'hypocrisie. Tout le monde semble louche et suspect. C'est vraiment très bien ficelé.

Ann Granger a déjà écrit plus d'une trentaine d'ouvrages qui a été traduit dans de nombreuses langues et ce roman est le premier traduit en français. Il était temps ! "Un intérêt particulier pour les morts" est le premier volet de sa série "Lizzie Martin" qui compte déjà quatre volumes en VO. Je suis vraiment impatiente de découvrir le suivant et de replonger dans cette noirceur victorienne.

Les Presses de la Cité

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23 août 2012

Passionnant !

Wouah ! Quel roman ! C'est tout à fait le genre d'histoires que j'aime et le titre m'a tout de suite tapé dans l'oeil. Pour être honnête, j'ai eu un peu de mal avec le début du roman mais je ne sais pas si ça vient du livre ou de moi. Je trouvais que c'était un peu long à se mettre en place. J'ai mis plus d'une semaine pour le lire - contre quelques jours la plupart du temps - car c'est un roman très dense mais j'ai adoré cette immersion dans l'Australie des années 60. Une fois plongée dans l'histoire, je n'avais plus envie d'en sortir. Je viens tout juste de tourner la dernière page et j'ai le ventre noué et les larmes aux yeux. L'écriture de Stephen Orr m'a totalement envoûtée et le fait que ce récit soit inspiré d'une histoire vraie - un fait divers jamais résolu - est encore plus bouleversant.

A cause de son pied bot, Henry est mis à l'écart et n'a qu'une seule amie : Janice Ryan, la fille des voisins, avec qui il entretient une belle complicité. Janice n'a peur de rien et ne se laisse pas faire. Elle est débrouillarde et n'hésite pas à lever le point quand les autres enfants s'attaquent à Henry. Lui, est un petit garçon de neuf ans, solitaire et intelligent qui se nourrit de lecture et passe son temps à observer le monde avec un regard très adulte pour son âge. Ses parents n'arrêtent pas de se disputer. Son père, qu'il idolâtre, est un inspecteur aimé et respecté de tous mais aux yeux de la mère de Henry, c'est un mari et un père trop souvent absent. Elle rêve d'une autre vie. De quitter sa vie de mère au foyer pour se trouver un travail et voir d'autres choses alors que pour son mari et son fils, la vie se résumé à Croydon, la petite ville d'Australie qu'ils habitent. La routine des habitants de Thomas Street est bousculée lorsque les trois enfants Ryan disparaissent. Partis seuls à la plage, ils ne rentreront pas...

Stephen Orr nous dépeint avec brio l'Australie des années 60. On s'y croirait ! Ménagères blasées, maris volages, querelles de voisinages, ragots, secrets, violences conjugales, machisme, désirs d'émancipation, chaleur, souvenirs,... L'auteur part d'une histoire vraie pour nous décrire la vie à cette époque, les moeurs, et les différentes façons de survivre à un tel drame : journalistes avides de scoops et de récits larmoyants, faux témoignages, compassion, culpabilité, pitié, douleur, médiums peu scrupuleux,... On attend une explication, on soupçonne tout le monde, on espère... L'enquête piétine. Les témoignages se contredisent et apportent à chaque fois un point de vue différent. C'est surtout le point de vue de Henry que nous suivons au fil des chapitres. Son regard, ses hypothèses, les informations qu'il a rassemblé. Il nous raconte toute cette histoire mais sans être sûr des faits : "je pense", "j'imagine", "d'après mes souvenirs", "c'est ce qu'on m'a raconté", "voici ce qui s'est peut-être passé",... Ce roman ressemble beaucoup à un témoignage. L'auteur essaie d'apporter des réponses à cette enquête non résolue qui hante encore tout un pays. Que s'est-il vraiment passé ce jour là ? Nul ne le sait. La vie peut basculer du jour au lendemain. Perdre son éclat sans que l'on sache jamais pourquoi ni comment cela a bien pu arriver ni ce qu'on aurait pu faire pour éviter cela. L'auteur s'intéresse à ceux qui restent. A ceux qui sont obligés de survivre malgré tout, de continuer à se lever chaque matin sans réponse, à ceux qui passent toute leur vie à attendre et à ceux qui passent leur temps à chercher les disparus en oubliant ceux qui restent.

L'écriture de Stephen Orr est belle, très imagée et profondément mélancolique. J'ai aimé la façon dont est construit le roman. Il nous fait entrer dans la tête des différents personnages et construit des dialogues imaginaires entre les disparus et ceux qui restent. Il y a aussi des petits textes écrits par Janice et Henry. L'écriture et les mots ont une grande place dans ce livre et je ne suis pas étonnée d'apprendre que l'auteur enseigne la littérature et l'écriture car on sent qu'il est passionné par le sujet. Il y a beaucoup de descriptions, et c'est peut-être ce qui m'a dérangé au début du roman, mais finalement j'ai adoré car j'ai l'impression de connaître chaque petite parcelle de Thomas street et d'avoir grandi auprès de tous les personnages. L'auteur alterne les longues descriptions et les passages concis : "cris, larmes, claquements de portes." C'est aussi un roman nostalgique d'une époque qui n'est plus. Une époque où pour les habitants d'un village, leur rue constituait un monde à part. Il n'y avait rien au dehors. Il ne se passait pas grand chose à première vue et pourtant il y a tant à raconter. J'ai ressenti la même chose que lorsque j'ai lu "Beignets de tomates vertes" de Fannie Flagg. Je me suis sentie triste et nostalgique, avec l'impression d'avoir connu cette époque. On sent la chaleur étouffante, la température qui n'en fini pas de monter encore et encore, on entend les airs de ukulélé joués par les personnages, on sent les odeurs de transpiration et de fruits trop mûrs, le manque d'air et la brise qui se fait attendre, l'odeur des vieux livres et de la poussière. J'ai été particulièrement émue par Gino et Rosa, leur passé, leur histoire mais aussi ce que le temps vient bousculer. Bien sûr, le temps passe, les choses changent et la vie continue mais malgré tout, le temps n'efface rien...

Au Diable Vauvert

15,00
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23 août 2012

Original !

Régis de Sa Moreira est un auteur que j'apprécie beaucoup. J'ai lu quasiment tous ses romans : Le Librairie, Zéros tués, Mari et femme et à chaque fois je suis charmée par sa façon d'écrire et de parler de la vie. Avec ce nouveau roman, il fait encore plus fort ! Il nous raconte la vie, le quotidien, les autres en faisant parler une multitude de personnages. La construction du roman est originale et étonnante.

L'histoire commence par un personnage que l'on suit durant seulement quelques lignes, il croise quelqu'un ou pense à une personne (un passant, son boucher, un collègue de travail, sa femme,... etc) et lui cède la parole. C'est l'autre personnage qui devient narrateur à son tour durant quelques lignes avant de passer le relai à un autre. On accède aux pensées de chacun qui se succèdent paragraphe après paragraphe. C'est un exercice étonnant dans lequel on rentre facilement. On entend les voix de tout le monde, on se reconnait un peu en eux, on y croise un voisin, un ami, leurs pensées se font écho. Quel bel hommage à la vie ! C'est un récit tendre et drôle dont on savoure la moindre phrase. On est ému, on rit, on sourit et on s'amuse du hasard et de la vie. Pour vous donner un exemple concret, un personnage regarde un film qu'il trouve vraiment lamentable et dans le paragraphe suivant c'est le scénariste qui défend son travail et explique comment il en est arrivé à écrire cette histoire. Ces échanges donnent lieu à des situations vraiment très amusantes. Les personnages se répondent et c'est amusant de voir comme ils se trompent parfois sur les intentions et les pensées de leur voisin. Il n'y a pas que les vivants qui ont la parole ! Les morts et les ancêtres ont la part belle aussi dans cette drôle d'histoire qui résonne dans nos têtes à la manière d'un éclat de rire.

Tantôt drôles, tantôt dramatiques, parfois crues et cyniques, les paroles et pensées de chacun nous offrent un concentré de vie et de bonne humeur. C'est un récit vraiment intéressant et passionnant, aussi bien pour son fond que pour sa forme. J'ai passé un merveilleux moment. Je me suis demandée comment tout cela allait pouvoir se terminer et la fin ne m'a pas déçue. Elle est parfaite, tout simplement... Encore une fois, Régis de Sa Moreira ne m'a pas déçue. Il a su m'émouvoir et me surprendre. C'est un récit décalé et plein de vie qu'il ne faut surtout pas manquer.

Cat Patrick

La Martinière Jeunesse

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24 avril 2012

Sympathique mais pas inoubliable

Ayant beaucoup aimé Forgotten, le précédent roman de Cat Patrick, j'étais impatiente de découvrir celui-ci. Il y a pas mal de petites choses qui m'ont chagriné durant ma lecture mais je ressors tout de même avec une impression positive. L'écriture de Cat Patrick est très accessible, peut-être même un peu trop. Si l'histoire est agréable à lire, les dialogues m'ont un peu exaspéré. Entre les "waouh t'es trop stylée" et les réparties un peu trop mielleuses à mon goût, je me suis dit que j'avais peut-être passé l'âge pour ce genre de lecture. Néanmoins, le point de départ m'a bien plu. Il y a des bonnes idées mais j'aurais aimé que le tout soit un peu plus creusé.

J'ai eu l'impression que tout était trop rapide et trop facile. Les personnages acceptent les choses avec trop de facilité et ça manque parfois un peu de suspense. On se doute rapidement de ce que cache cette histoire. Certains passages sont émouvants mais ils le seraient encore plus si ça avait été un peu plus développé. Daisy s'attache trop facilement. Ca peut se comprendre vu son histoire mais personnellement je n'ai pas eu le temps de m'attacher aux personnages. Je commençais tout juste à m'attacher à eux à la fin du roman.

Néanmoins, s'il m'a manqué de petites choses pour apprécier davantage ce roman, j'ai tout de même passé un bon moment et je suis persuadée que je l'aurais adoré si je l'avais lu étant plus jeune. L'histoire m'a bien plu et j'ai beaucoup aimé la fin. Concernant l'histoire d'amour, si je l'ai trouvé un peu rapide, elle ne m'a pas laissé insensible. Matt est très charmant... C'est mon petit côté fleur bleue qui a été pleinement satisfait. J'ai dit plus haut que l'histoire était un peu prévisible mais il y a quand même quelques petites choses que je n'ai pas vu venir et qui m'ont bien plu. Daisy m'a parfois agacé car elle est bien trop naïve mais elle gagne en maturité à la fin du roman. Ce qui est une bonne chose. C'est un roman que je classerai plus dans la littérature de jeunesse que dans les romans jeunes-adultes. Les jeunes ados pourront s'y retrouver. On parle de facebook, de musique, de déco et de mode. L'idée de départ est vraiment bonne et j'aurais même envie de découvrir d'autres histoires de Daisy. Ses vies précédentes auraient pu faire l'objet d'autres romans finalement. Pour conclure, j'ai passé un très bon moment mais il m'a tout de même manqué un petit quelque chose. J'aurais aimé plus de profondeur et de noirceur mais c'est un bon roman pour les jeunes ados. Si vous avez aimé Forgotten, celui-ci devrait vous plaire car il est dans la même lignée.

Conseillé par
17 avril 2012

Un premier roman magistral !

J'attendais la sortie de ce roman en poche avec beaucoup d'impatience car j'avais lu plusieurs avis très positifs à son sujet. J'avais l'impression que la quatrième de couverture dévoilait un peu trop de choses et je me suis lancée dans cette lecture en me disant que le fameux secret allait certainement être bien facile à trouver. Et pourtant, le moins que l'on puisse dire est que l'auteure a réussi à me surprendre à de nombreuses reprises. Je n'en reviens toujours pas qu'il s'agisse d'un premier roman ! Le talent d'Hélène Grémillon est indéniable. Elle nous emporte dans cette histoire effroyable dès les premiers mots et ne nous lâche plus. C'est bien simple, j'ai lu ce roman d'une traite.

Je n'arrivais plus à le reposer. Tant pis pour tout ce que j'avais prévu de faire à la place. Il fallait impérativement que je connaisse les moindres détails de cette histoire. Il fallait que je sache à tout prix. Comme si c'était moi que cette histoire concernait. Comme si c'était la mienne.

Secrets. Mensonges. Tout est incroyablement bien ficelé et documenté et en même temps si fluide et agréable à lire. Je suis totalement époustouflée par ce roman. Monstrueuse et en même temps terriblement émouvante, cette histoire ne laissera personne indifférent. Quel régal ! C'est un roman qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page et nous laisse pantois. Aucun mot en trop. Aucun faux pas pour ce premier roman magistral qui mérite largement ses cinq prix littéraires. Si vous aimez le suspense et les récits historiques, laissez-vous tenter sans hésiter. Et si ce n'est pas trop votre tasse de thé, essayez-quand même. C'est un roman court qui se lit sans aucune difficulté et qui, j'en suis sûre, vous marquera. Je le conseille à tous les lecteurs et je sais déjà que c'est un roman que je relirai. Vraiment bluffant !