L'amour est une île

Claudie Gallay

Actes Sud

  • 13 mars 2011

    Sous une chaleur accablante, le festival d'Avignon est perturbé par la grève des artistes et intermittents. Odon Schnadel, propriétaire d'un petit théâtre, a décidé cette année de monter et jouer, tant bien que mal, Nuit rouge, pièce de Paul Selliès, jeune auteur mort il y a quelques années. La petite soeur de ce dernier, Marie, écorchée vive, est venue voir les mots de son frère mis en scène. Cet été voit aussi le retour de Mathilde, avec qui Odon a vécu une histoire passionnelle, et qui, devenue une grande comédienne célèbre et reconnue, se fait appeler la Jogar. Ces corps qui jouent, qui souffrent et qui supplient vont se croiser dans l'enclos fortifié de la cité des papes pour révéler un secret trop longtemps enfoui.


    Si comme moi, vous aimez le monde du théâtre, ce livre est fait pour vous. Tout au long du roman, Claudie Gallay nous plonge au coeur des passions où se mêlent la vengeance, la trahison, le sentiment de culpabilité. L'univers est pesant, les petites fleurs sont dangereuses, les souffrances de Marie sont immenses. L'histoire se déroule pendant l'été caniculaire de 2003.

    Je suis ravie de retrouver la plume de Claudie Gallay. Elle signe cette fois encore un très beau roman. Mon intérêt s'est porté davantage sur les personnages de second rôle comme Jeff,un rêveur bon à tout faire ou Isabelle, grande dame du théâtre. Isabelle est plus importante à mon sens dans l'histoire que la Jogar, elle est l'incarnation même de la comédienne. Elle a par ailleurs fréquenté les plus grandes personnalités du monde du théâtre comme Vilar ou Varda.

    Je referme ce roman avec le même enthousiasme qu'en quittant une salle de spectacle, subjuguée par la beauté de la langue et le talent mis en scène par Claudie Gallay.


  • Conseillé par
    30 septembre 2010

    Le théâtre de la vie

    L’été apporte son lot de chaleur et de sueur sur le Festival d’Avignon. Un festival qui tourne au ralenti en raison de la grève des intermittents du spectacle. Sans que la date ne soit jamais mentionnée, on se rappelle l’édition de 2003 paralysée par la grève retentissante des petits et des grands noms du théâtre. Au milieu de ce festival presque endormi, un drame aux relents de tragédie se joue.

    Odon Schnabel, propriétaire du Chien fou, un théâtre de la ville, monte Nuit Rouge d’un certain Paul Selliès. Un auteur illustrement inconnu et mort depuis quelques années et dont la sœur Marie est venue écouter les mots. Dans un autre théâtre plus prestigieux, la Jogar est là aussi, jouant Sur la route de Madison. La Jogar pour Odon, c’est Mathilde, un amour insensé parti faire carrière ailleurs, loin d’Avignon. Alors qu’Odon et Mathilde se retrouvent timidement, les corps encore pleins des souvenirs de leur amour, Marie, la jeune écorchée, vient déchirer le silence qui s’est instauré entre les deux amants depuis cinq longues années, ce silence que l’on pose parfois sur les fautes pour tenter de les oublier.

    Les phrases courtes de Claudie Gallay donnent à ce roman un rythme étrange et saccadé, qui parfois se traîne pourtant avant de finalement fournir une belle trame. Roman de passion amoureuse mais aussi de passion pour le théâtre, le livre dresse une galerie de portraits parfois touchants, telle la vieille Isabelle, mémoire à elle seule du festival d’Avignon ou Jeff, prêt à toucher un rêve dont la réalité l’effraie. S’il est question ici d’amour, d’ambition, de faute, de rachat, de deuil, de mensonges, de vengeance et de blessures, L’amour est une île est assurément un livre qui rend hommage au théâtre, où l’on croise Gérard Philippe et Ariane Mouchkine (et bien d’autres), dans lequel on interroge le rapport entre le texte et le comédien qui l’habite, où l'art laisse son empreinte dans les vies.


  • Conseillé par
    13 septembre 2010

    Difficile de parler d’un livre de Claudie Gallay sans que les déferlantes reviennent à l’esprit. Pourtant, exit La Hague, les embruns et son ambiance. Changement de décor et d’ambiance, l’action de "l’amour est une île" se situe à Avignon plus précisément lors du festival de l’année 2003 alors que les intermittents du spectacle font grève.

    Odon,metteur en scène, produit la pièce d’un auteur inconnu Paul Selliès mort dans un accident cinq ans plus tôt.
    Mathilde dite la Jogar, comédienne de renom est de retour. Mathilde est l’ancien amour d’Odon, la femme pour laquelle il a brisé sa vie de famille. Elle est devenue célèbre grâce à l’écriture de sa propre pièce. Mais cet été là, Marie vient à Avignon. Jeune fille tourmentée, écorchée vive depuis la mort de son frère Paul Selliès.
    Au fil des pages, les masques seront mis de côté, les blessures vont réapparaitre, une pièce dont le dénouement tombe comme un rideau de théâtre à la dernière page.

    Nul doute que ce livre est de Claudie Gallay ! On retrouve son écriture ciselée, des phrases courtes. Pas de fioriture. Les mots sonnent, claquent, interpellent et instaurent d’eux même une ambiance. La signature de de Claudie Gallay est là dans ce style que j’aime. Malgré l’écriture, je me suis sentie mal à l’aise pendant la lecture de la première partie de ce livre. Des difficultés à accrocher à l’histoire où le théâtre est omniprésent. L’impression de ne pas trouver mes marques et puis il y a eu le déclic. Enfin, j’ai glissé dans l’histoire et je l’ai appréciée.

    Dans ce livre, l’amour est décliné : blessures béantes, charnel ou amour du théâtre. Car tout ce roman gravite autour de la comédie et du jeu. Il y a Marie qui m’a touchée. Elle dont la douleur s’exprime par la mutilation de son corps. Le personnage de la Jogar est le corps qui devient instrument pour raconter une histoire, déclamer des mots et leur donner toute leur puissance.

    Contrairement aux déferlantes, ce n’est pas un coup de coeur…