Lycée out, roman

Claire Loup

Plon

  • 13 septembre 2015

    Une lecture qu’on dévore avec plaisir

    Emma n’en revient pas. Hugo, son petit ami, l’a plaquée par carte postale. Ce n’est pas tant la rupture qui la choque, mais le moyen utilisé pour lui annoncer ! Après les quelques larmes de circonstances – elle se sent humiliée – Emma est d’humeur combattive. Celle qui l’a remplacée dans le cœur d’Hugo est la rédactrice du journal du lycée, le Lycée In. Sans plus attendre, sous le pseudo de Napoléonienne de l’amour, elle créé le Lycée Out, un journal clandestin. Son ton décalé et son humour conquièrent les foules, son succès est fulgurant. Tant et si bien qu’elle attire l’attention d’un jeune garçon, Benjamin, qui lui écrit – ou plutôt, la provoque – sous le pseudo de Don Juan. Dès lors, s’installe entre eux une relation particulière.

    Emma ne s’attendait certainement pas à un tel succès lorsqu’elle a lancé son journal. C’est une jeune fille effacée, en retrait mais qui sous la plume de la Napoléonienne se révèle mordante et incisive. Elle change tout à fait de personnalité, car grâce à l’anonymat que lui procure son pseudo elle ose s’affirmer. Benjamin quant à lui est tout son contraire. Depuis la mort de sa mère, il a totalement décroché des études. À la place, il s’abrutit d’alcool, de drogue et de sexe. Mais la Napoléonienne attire son attention… et le fait même réfléchir sur sa vie, ses choix. On le voit changer un peu de mentalité et de mode de vie.

    Les chapitres alternent les points de vue. En effet, l’histoire est racontée tour à tour par Emma et Benjamin. Cela permet de mieux les comprendre et de mieux les cerner. Là où l’auteur a fait très fort, c’est que son style d’écriture change en fonction du personnage qui parle. Ce qui fait que le lecteur a vraiment l’impression d’être dans la tête d’Emma ou de Benjamin et de les connaître intimement.

    La relation qui les unit est très intéressante car atypique. Lorsqu’ils sont Emma et Benjamin, ils se croisent sans se voir, voire même se dénigrent. Mais lorsqu’ils sont la Napoléonienne de l’amour et Don Juan, ils sont très proches, ils ont l’impression de se connaître depuis toujours. Et toute la tension (et donc l’intérêt du roman) repose sur cette dualité. Vont-ils se rencontrer « en vrai » ? Vont-ils se révéler leurs véritables identités ? Et dans ce cas, que se passera-t-il ?

    En conclusion, une lecture agréable. Paradoxalement, l’histoire est originale tout en étant assez prévisible. La plume de l’auteur est impressionnante car elle change en fonction du narrateur.