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    17 avril 2011

    J’enchaîne les premiers tomes de saga Fantasy dernièrement, et si on peut douter de ma jugeote (ben oui commencer 3000 cycles, ce n’est pas forcément très judicieux !), on ne doutera cependant pas de la qualité de ce titre.

    Konowa est un elfe un peu particulier. Né avec une point d’oreille noire, il ne possède pas les qualités inhérentes à son peuple : il n’entend pas la voix des arbres et ne sait pas communiquer avec la nature. Il s’est donc mis au service de l’armée et est devenu commandant des Elfes de fer, elfes qui partagent le même sort que lui. On dit que la « souveraine des ombres » les a marqué à la naissance afin de les revendiquer. Celle-ci est considérée comme une sorcière-elfe qui souille la forêt et ses arbres qu’elle pervertit avec plaisir.

    Une étoile rouge tombée du ciel apparaît un jour mystérieusement et selon une ancienne prophétie qui la détiendra, obtiendra un immense pouvoir. Et celle-ci attire bien des convoitises...

    Ce premier tome est un mélange de deux genres : fantasy épique avec ses races et castes particulières (orcs, elfes, magiciens, nains, forêts magiques, etc.) qui rappellent un peu le Seigneur des anneaux, et un genre plus technique qu’est la fiction militaire, avec ses tactiques de batailles, ses mousquets, ses canons, ses levées d’armée, etc. Je dois dire que la combinaison des deux est plutôt réussie, et on sent le spécialiste en génie militaire derrière l’œuvre (Chris Evans étant également éditeur spécialisé dans les ouvrages d’histoire militaire). Le rendu est vraiment très plaisant, la poursuite de l’étoile qui aurait pu être une sempiternelle quête de plus, se trouve être bien plus profonde que ça et possède même une portée insoupçonnable (non, je ne spoilerai pas !). Le récit est donc riche en détails techniques et descriptifs, en vocabulaire militaire et ce côté tacticien m’a bien plu. L’aspect épique n’est pas en reste avec un bestiaire plutôt impressionnant et beaucoup de monstres originaux et imaginatifs (comme le pélican qui boit pour voler !) : rakkes, muraphants, screexes, bengars, brindos,etc. Konowa se balade d’ailleurs toujours avec son bengar, Jir qui apporte quelques scènes cocasses au roman. C’est d’ailleurs un des points qui m’a le plus emballé du récit, il y a pas mal d’humour, avec quelques bons jeux de mots et un ton gentiment truculent qui apporte une certaine légèreté au récit entre deux scènes de bataille.

    Les personnages sont nombreux et si Konowa est clairement le héros du roman (c’est d’ailleurs lui le narrateur principal), les personnages secondaires ont également leur importance et ont été particulièrement soignés. Il y a Yimt le nain gaillard qui nous rappelle un certain Gimli et qui nous amuse avec ses plaisanteries et autres proverbes gouailleurs, Rallie la scribe royale qui se balade toujours la pipe à la bouche et la charrette pleine de monstres abracadabrants, le prince Tykkin, mou et présomptueux qui ne cherche qu’à étancher sa soif de connaissance au détriment de son peuple... Parallèlement, si j’ai aimé ces personnages (surtout Yimt et Rallie), j’ai trouvé qu’ils manquaient un peu de profondeur car finalement on en sait très peu sur leur passé respectif et j’ai trouvé ça dommage. Mais bon, comme ce n’est que le premier tome, on peut s’attendre à des éclaircissements dans les prochains livres. D’ailleurs je n’ai pas apprécié le personnage de Visyna, que j’ai trouvé un peu inutile à l’intrigue et la romance Visyna-Konowa ne m’a pas particulièrement intéressée. Chris Evans aurait facilement pu en faire l’impasse.

    L’intrigue en elle-même est également un peu simple, linéaire (on sait que le final se passera à Luuguth Jor) et tourne uniquement autour de l’étoile de l’Est et au final, soulève plus de questions qu’elle n’y répond. Pourquoi ces animaux mythiques disparus depuis fort longtemps réapparaissent-ils soudainement ? Qui est vraiment la souveraine des ombres et que cherche-t-elle ? Pourquoi certains elfes sont-ils marqués ? Beaucoup de questions auxquelles Chris Evans devra répondre dans les prochains tomes.

    Enfin, la prose de Chris Evans est vive, les chapitres courts, ce qui rend le récit alerte et bien rythmé. On ne s’ennuie pas une seconde. Le langage est parfois châtié (quelques jurons dans la bouche des soldats) mais pas autant qu’un Scott Lynch par exemple.