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    29 février 2012

    Le directeur d’une grande banque lyonnaise est retrouvé assassiné dans son bureau. La signature du tueur est particulière : un triangle de balles au niveau du plexus. Le commissaire Garon, responsable d’un service policier qui gère les affaires sensibles, en est persuadé : la victime a été exécutée. Reste à trouver le commanditaire et le mobile. Flanquée de ses adjoints, Dancour et Arnand, Garon fouille dans le passé du mort et ouvre des portes qui libèrent des relents nauséabonds. Mais l’enquête progresse trop lentement au goût du bouillant commissaire. « Pour l’instant, l’affaire lui semblait se résumer ainsi : un tueur chevronné, après s’être introduit dans une banque, en abat avec une grande précision le directeur général qu’il savait trouver à son bureau ce jour-là, en sort facilement sans doute grâce à un plan que lui a donné un complice, ledit directeur général ayant, soit une double vie, soit quelque chose à dissimuler. » (p. 57)

    Et voilà que tout s’accélère. Garon identifie une potentielle complice et la suit jusqu’à Hong-Kong, puis Macao. Mais les eaux sont troubles dans ces villes asiatiques et Garon trouve des adversaires retors et dangereux. Toutefois, bien décidé à identifier les trafics clandestins qu’il a découverts, Garon poursuit son enquête. Finalement, justice se fera, même si son visage n’est pas celui des tribunaux.

    En commençant ma lecture, j’ai craint de rencontrer un énième personnage de flic désabusé et marginal. Garon fait montre d’une impatience et d’une insolence qui aurait pu faire de lui une caricature du genre policier. Heureusement, il n’en fut rien. Il incarne une incorrection bonhomme finalement sympathique : de fait, Garon est une gueule et son comportement colle à son portrait. « Garon se fichait pas mal de la loi. Il l’appliquait et la faisait respecter scrupuleusement, mais il s’en fichait. Par contre, il aimait l’ordre, et il serait encore plus exact de dire qu’il détestait le désordre. […] Il détestait encore plus ce qui pouvait miner l’autorité de l’État : celle-ci était indispensable à son confort intellectuel. » (p. 13) Détail qui me l’a rendu attachant, Garon aime sa ville. Quand il parle de Lyon ou qu’il s’y promène, on sent l’homme chez lui : suffisamment à l’aise pour la connaître vraiment, il la respecte et l’honore dès qu’il peut. Derrière Garon, il faut évidemment voir Saint-Luc qui distille à bon escient des informations sur l’ancienne capitale des Gaules.

    Ce premier roman démonte quelques rouages policiers, judiciaires et politiques. La conclusion est en demi-teinte : les puissants sont rarement tous blancs et les intérêts de quelques illustres particuliers sont bien trop souvent privilégiés au bien commun. Mais on s’en doutait déjà. Hormis une petite tendance agaçante au name dropping qui n’est pas propre à cet auteur, ce premier roman est de bonne facture. L’intrigue policière est bien menée. En dépit de quelques lourdeurs de style, l’écriture est prometteuse. Pour une fois qu’une roman policier me plaît, c’est à marquer d’une pierre blanche !

    Je vous invite à visiter le site de l'auteur et à vous frotter à l'univers du commissaire Garon. Quant à moi, je vais mettre la main sur le deuxième tome de cette série !


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    20 mai 2011

    Ce petit roman policier de 173 pages (ah merci M. Saint-Luc de nous éviter les pavés de 400 pages emplis de banalités et de considérations de peu d'intérêt. J'aime les livres courts, qu'on se le dise !) m'a été gentiment dédicacé à un "critique littéraire" -c'est trop d'honneur-, par l'auteur qui me dit que son livre "n'est qu'un premier polar, certainement perfectible". Perfectible, sûrement, mais déjà bien construit et l'équipe de Garon mérite un arrêt sur ses aventures.

    Les personnages se mettent en place, puisque tome 2 -et peut-être plus- il y aura. D'ailleurs, pour en savoir plus il existe un site Commisaire Garon, très bien fait.

    Saint-Luc nous balade à Lyon : "Lyon est cernée par deux collines, symbolisant deux mondes antagonistes : la Croix-Rousse, appelée la "colline qui travaille" sent la révolution, la sueur des petites gens, rappelle les combats des canuts, alors que Fourvière, la "colline qui prie" invite au recueillement, à l'abri dans sa verdure. Les maisons n'y sont pas luxueuses, mais sages et sans ostentation, les congrégations nombreuses." (p.79), puis nous emmène dans les pas d'Albéric Garon de Bouziq, puisque tel est son véritable patronyme, à Hong-Kong et Macao ; il nous y promène également dans les rues et ruelles. Comme je le disais précédemment, le roman est assez court, donc les personnages ne sont pas poussés, mais comme il existe une suite, j'imagine que nous en apprendrons plus sur eux au fur et à mesure de leurs enquêtes.

    L'intrigue démarre assez vite et monte en puissance. Mais ici point de courses poursuites, point de fusillades ni d'hémoglobine dégoulinante. C'est un bon polar classique dans lequel l'auteur n'hésite pas à faire preuve d'humour et de critique envers le monde politique, le monde des affaires et les liens très étroits qui les unissent. Pour avoir fréquenté les cabinets ministériels, et donc le monde politique, Saint-Luc sait de quoi il retourne.

    Plutôt bien écrit (même si le "s'est avérée fausse" de la page 140 me heurte un peu-beaucoup ; mais bon, parfois dans des bouquins plus grand public, on trouve bien pire !) ce polar permet de passer un très agréable moment. Pour tout dire, je le retrouverai bien volontiers, ce commissaire Garon avec ses camarades, épaissis, décrits plus en profondeur, dans une intrigue que j'espère au moins de la même bonne qualité.


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    11 mai 2011

    Voilà un au moins un auteur qui n'y va pas de main morte avec le "politiquement correct" qui nous lasse (pour rester polis) depuis des années!
    C'est un premier roman: ce n'est donc pas parfait, même si c'est très bien écrit. Mais ça déménage que c'en est du bonheur. L'auteur dit par la bouche du commissaire un tas de trucs qu'on pense mais qu'on n'a semble-t-il plus le droit d'exprimer.
    Moi, j'ai bien respiré, je me suis marré, l'intrigue (d'ailleurs excellente mais moins originale que le style) passe au second plan.
    Soyons maintenant plus factuels (description tirée du 4ème de couverture).


    "Commissaire Garon" se veut être une série dont voici le thème:
    "Le commissaire divisionnaire Garon dirige la brigade des affaires générales de Lyon, brigade un peu particulière chargée des dossiers mettant en cause des personnalités en vue. Suivez-le pataugeant dans la fange peu ragoûtante des affaires dites « spéciales » et plongeant dans les marigots souvent inavouables de la politique et de la finance".
    Le premier ouvrage de la série a pour nom "La jeune chair", dont voici le synopsis:
    "Le directeur général d'une banque lyonnaise est retrouvé abattu dans son bureau, place Bellecour, trois balles au niveau du plexus dessinant un triangle parfait. L'enquête s'annonçant immédiatement comme « sensible » est alors confiée au commissaire Garon ; initiée à Lyon, elle le conduira bien loin de nos frontières, jusqu'à Hong Kong et Macao.
    Meurtre sur contrat, chantage, trafics ignobles… Rien ne sera épargné au commissaire Garon qui découvrira progressivement la face noire de personnages pourtant au-dessus de tout soupçon".
    Ce n'est pas le polar du siècle, il y a des imperfections, les personnages gagneraient à être épaissis, mais le style est alerte et fluide: on passe en finale un bon moment sans se casser les méninges. J'aurais dû noter 3/5, mais comme c'est le premier d'une série, je note favorable: 4/5.