Terra Nullius

Icem, Victor Guilbert

Hugo Roman

  • Conseillé par
    23 mars 2022

    Avis mitigé sur ce roman policier, le deuxième avec Hugo Boloren, après Douve que je n'ai pas lu. Et c'est un peu le problème, car Hugo a une particularité : "La bille. Celle qui l'accompagne dans ses enquêtes et qui fait "ding" pour le mettre sur la bonne piste" (4ème de couverture). Elle ressemble aux petites cellules grises de Poirot, mais par manque d'explication, j'avoue m'être demandé plusieurs fois ce qu'était cette bille, réelle ou virtuelle ; un court paragraphe explicatif en début d'ouvrage eût été de bon aloi.

    Autre bémol dans ce roman, c'est qu'il souffre de quelques longueurs. De rappels en répétitions pour nous parler des chocolats qu'Hugo laisse fondre dans sa bouche pour lutter contre le stress, l'angoisse et retrouver ses capacités et son calme -mais pas ceux avec de la menthe, car comme moi, il n'aime pas l'association menthe-chocolat-, pour nous dire qu'il attend que sa bille fasse "ding". Pfff, ça fait un paquet de pages inutiles, qui grossit le bouquin jusqu'à 350 pages. Mais pourquoi vouloir aller si haut, alors que des romans de 180/200 pages suffisent et sont souvent plus vifs, plus percutants parce que plus ramassés, plus denses ? C'est fort dommage, car le reste est bien. Hugo Boloren est sympathique, et ses tocs, ses manies font de lui un héros récurrent fragile et redoutable. Le contexte, cette Terra Nullius est bien vu, bien décrit et parle des conditions de vie des gens que l'on ne veut pas voir, ces migrants que la France préfère cachés. Nul doute que cette décharge dans laquelle des gens vivent en marge de la société, rejetés, me trottera en tête longtemps, comme trotte toujours celle d'Elisabetta Bucciarelli dans son roman Corps à l'écart.

    L'énigme tient largement jusqu'au bout. Elle est bien menée, inédite et sa conclusion bien que longue à venir, révèle des surprises, des trucs que je n'avais pas vus venir. Et puis, il y a aussi quelques personnages secondaires savoureux qui allègent le ton qui pourrait être morbide. Victor Guilbert fait aussi des apartés décalés, drôles et plein de bon sens : "Mon père répétait souvent qu'il ne comprenait pas le succès du sport à la télé ni des films pornographiques, que dans les deux cas, c'était surtout amusant pour ceux qui sont sur le terrain. Je me demande ce qu'il aurait pensé de ces émissions culinaires. Regarder des gens s'extasier sur des plats qu'on ne peut ni goûter ni sentir." (p.26)

    Pour la suite, je ne dis pas non, mais dans une version plus courte, plus ramassée, plus punchy pour le dire en bon français.