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    10 avril 2012

    Suite directe du diptyque de « La Prophétie du royaume de Lur », « Le mage prodigue » est le premier tome d’un nouveau diptyque se déroulant 10 ans plus tard. Pas d’inquiétude pour ceux qui n’auraient pas lu le premier cycle, ce roman peut tout à fait se lire indépendamment, même si forcément on y perd quelques subtilités… ce qui fut mon cas. Très curieuse de découvrir la plume de Karen Miller dont j’avais entendu du bon comme du mauvais, je dois dire que j’ai plutôt apprécié ma lecture bien qu’elle ne soit pas exempte de défauts.

    Le roman nous plonge 10 ans après les événements de « La Prophétie ». Morg est mort et enterré, la Climagie n’est plus et Doranens et Olkens vivent dans une relative harmonie …contrainte et précaire. Car il est bien connu que paix obtenue est bien difficilement maintenue. Entre les nouvelles frictions entre les deux peuples et les soucis que lui causent l’héritage magique de ses enfants, Rafel et Deenie, Asher le Mage Innocent , ne peut pas souffler une minute. D’autant plus que de nouveaux troubles dans la terre même de Lur se font sentir et laissent présager de nouvelles calamités… Voilà comment débute la première des trois parties qui composent le roman. Trois parties pour trois époques, la première et la deuxième se déroulant à dix années d’intervalle. Le roman couvre ainsi une grande partie de la vie d’Asher et de sa famille, l’auteur nous donnant le temps de nous attacher aux différents membres de la maisonnée. C’est d’ailleurs un aspect très important dans le roman de Karen Miller car elle y passe beaucoup de temps. De la fantasy « familiale » en quelque sorte, l’auteur insistant sur les personnalités de chacun, sur les tensions domestiques, sur les relations parents-enfants, le tout avec des centres de conflits magiques. Je pense aussi que l’auteure y a vu une manière d’introduire ses personnages à ceux qui découvriraient l’univers de Lur.

    Ainsi, si Karen Miller prend le temps d’asseoir son univers et ses personnages dans une première partie d’exposition, il faut avouer que cela m’a semblé plutôt longuet voir poussif à certains moments. L’auteur prend son temps pour nous brosser la personnalité de chaque protagoniste, quitte à devenir redondante dans certains propos et attitudes. Asher nous apparait comme un patriarche aimant et bourru, mais surtout comme quelqu’un de buté qui ne reconnait jamais ses torts. Heureusement que celui-ci est aussi un incorrigible altruiste car il devient vite agaçant à force de refuser de laisser ses enfants grandir. Sa femme Dathné, est un peu la voix de la raison, et ne s’en laisse pas conter par son mari, ce que j’ai beaucoup aimé. D’ailleurs les personnages sont tous fouillés et ont du caractère. Que ce soit les héros, Asher et Rafel, que les antagonistes, le seigneur Garrick et son fils Arlin, tous ont une véritable présence et l’on suit leurs aventures avec plaisir. Dommage que l’auteure insiste autant sur certains traits de caractère, le roman en perd en dynamisme.

    Le parler franc et sans détour d’Asher détonne tout au long du roman, mais apporte une certaine « fraicheur » bienvenue. J’ai plus d’une fois ri devant les réactions de certains personnages face aux répliques inélégantes d’Asher. L’intrigue qui se profile en deuxième partie du tome se révèle efficace et prenante, le récit gagne en vivacité et éveille notre curiosité. Qu’y a-t-il vraiment derrière ces montagnes et ces récifs ? La climagie est-t-elle vraiment morte ? Autant d’interrogations soulevées dont Karen Miller nous apporte un début de réponse en fin de tome avec un retournement de situation surprenant ! Les événements se précipitent aux deux tiers du roman et on dévore littéralement la fin. Preuve s’il en est que Karen Miller sait emmener son récit où elle le veut. Et qu’elle sait comment attiser l’envie et la curiosité pour la suite des aventures des enfants du pêcheur, qui est prévue pour le mois de mai 2012 !