Mon ange

Guillermo Rosales

Actes Sud

  • Conseillé par
    14 janvier 2014

    Aliénation

    Les renseignements sur l'auteur sont brefs, né à La Havane en 1946, il s’est suicidé à Miami en 1993.
    William retrouve ses parents qui se sont exilés depuis près de vingt ans à Miami. Des parents qui ont réussi, l’arrivée de ce fils n’est pas, loin de là, un moment de bonheur. L’asile leur semble la meilleure solution. Et là semblent se concentrer toutes les tares humaines et tous les malheurs de la terre. Le directeur ne songe qu’à l’argent, il touche des chèques de l’état et gère son affaire seul, mais avec le maximum de bénéfice. Etant souvent absent, le maître des lieux est Arsenio, sombre brute alcoolique, âme damnée de lui-même et de ses vices. Régnant sur ce monde cauchemardesque, il en abuse, comme de la pauvre Hilda.

    Les pensionnaires sont des handicapés de tous genres qui ont en commun un lourd passé de coups et d’humiliations, voire de viol pour les femmes.
    Puis arrive Francine qui tremble de tout son corps pendant sa première rencontre avec William, peur de sévices, mais qui à force de gentillesse et de tendresse se laissera amadouer.
    L’auteur narrateur semble au-dessus de tout, sans révolte, étant par moment lui-même tortionnaire et voleur, devenant l’ami d’Arsenio, seule l’arrivée de Francine lui redonne un semblant de courage.
    Francine est le tout petit rayon de soleil de cette histoire, femme encore jeune, elle a un enfant, mais nous ne saurons rien d’elle... Pour tous les deux, le bonheur et la liberté sont enfin à portée de mains.
    C’est bien écrit, même si parfois j’ai eu l’impression que l’auteur poussait le bouchon un peu loin pour transformer les salauds en super salauds. Avec en filigrane un sentiment d’amertume et de déception envers Cuba et son régime.
    Un texte dur, limite dérangeant, l’auteur voulait-il dénoncer le système qui fait des personnages, des quasi prisonniers ? Un système de commercialisation de la maladie ? Un système qui fait des malades des victimes aux mains de bourreaux presque mandatés ?
    On voit que William se laisse prendre au jeu (!) de la violence et du vol. Est-ce inéluctable ?
    Un bon livre que j’avais hâte de quitter, car vraiment il me semble qu’il est sans espoir.