América, roman

T.C. Boyle

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    19 septembre 2013

    Un soir, en regagnant son domicile situé dans la résidence de l'Arrya Blanco, Delaney renverse un homme. L’homme blessé accepte vingt dollars et s’enfuit. Il s’agit d’un Mexicain clandestin qui se cache dans le canyon avec sa jeune épouse America qui est enceinte. Candido lui a promis une belle maison et l’American way of life. Mais la réalité est différente car sans papiers officiels, travailler est un problème.


    Cet accident aurait pu en rester là mais il sert de point de départ à une collision. Celle du monde aseptisé et riche de Delanay et celui de Candido pauvre et rejeté. Car les « chicanos » ces immigrants clandestins sont nombreux dans cette région de Californie et beaucoup de personnes voient leur présence d’un mauvais œil. C’est à ne plus se sentir chez soi... Delaney écolo et pacifiste pense le contraire et il n’est pas d’accord pour que l’on érige des hauts murs autour de la résidence. Sa femme agent immobilière va se laisser convaincre de l’utilité de cette forteresse. La sécurité de tous : c’est le slogan des habitants de la résidence car après tout on se sait pas de quoi sont capable ces individus pour manger et vivre. Candido et America ne vivent pas mais survivent. America se mord les doigts d’avoir suivi Candido qui en est réduit à fouiller les poubelles. Convaincu de son droit d’être libre sur le sol Américain et d’y travailler, il refuse toute idée de rentrer au pays. Suite à des incidents mineurs mis sur le dos des Mexicains, la peur grignote du terrain et se transforme en paranoïa. Même chez les plus réfractaires comme Delanay.

    Et c’est là qu’intervient tout le talent de T.C. Boyle ! Il nous démontre intelligemment comment dans ce contexte Delanay se sent menacé. Son l’imagination prend le pas sur l’objectivité, accélère le revers de la main pour balayer ses principes même les plus profonds. Candido suit le même processus.

    T.C. Boyle nous inflige une claque ! Sans se faire moralisateur, il déleste la vertueuse Amérique de son masque d’apparat. Le mal et le bien sont omniprésents et hantent les personnages. Rien n’est simple et toute l’ambivalence de ces deux notions résonnent longtemps. Avec beaucoup d’humanité, il nous pousse à la réflexion sur les dérives et les contradictions de notre société.
    J’ai été touchée et interpellée par ce livre incisif, percutant que je ne suis pas prête d’oublier !