Tante Rosa, Récit d'une vie atypique
EAN13
9782369561491
Éditeur
Intervalles
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Tante Rosa

Récit d'une vie atypique

Intervalles

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782369561491
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    9.99

  • Aide EAN13 : 9782369561491
    • Fichier EPUB, avec DRM Adobe
      Partage

      6 appareils

    9.99

  • Aide EAN13 : 9782369561491
    • Fichier EPUB, libre d'utilisation
    9.99

Autre version disponible

Dans une Turquie répressive, Rosa choisit la liberté

« Derrière elle Tante Rosa a laissé une lettre, elle a laissé trois gamins,
dont l’un encore au sein, elle a laissé la bonne à qui elle avait appris à
préparer oies rôties et gâteaux aux pommes, à amidonner les nappes pour les
repas et à ranger les armoires. Elle a laissé le petit jardin semé de
marguerites, la maison à l’escalier de bois, haute de plafond, avec le
réveille-matin, elle a laissé l’époux qui allait tous les dimanches matin à
l’église et lui sautait dessus tous les dimanches après-midi, elle a laissé
les voisines chapeautées et leurs gamins morveux, elle a laissé leurs époux et
leurs vies elles aussi remplies d’oies rôties, elle a laissé l’église, elle a
laissé les tintements de cloches, les flots de l’orgue, les chants de Noël,
elle a laissé son sein gauche comblant le carreau brisé par la boule de neige
d’un gamin au retour de l’église, son sein gauche qui recouvrait son cœur
d’une couche de graisse. Elle est partie. »

Plus que le récit d'une vie, une ode au féminisme et à la liberté.

EXTRAIT

À l’école des bonnes sœurs, Tante Rosa a appris que son corps était quelque
chose de mauvais. Il était interdit de se dévêtir pour se laver. On faisait sa
toilette avec sa chemise. Un jour, comme elle courait encore, la fillette est
tombée. Les sœurs ne l’ont pas autorisée à retirer son bas noir, même pour
panser sa blessure qui a fini par s’enflammer. Schwester Maria a dit à Rosa
que Dieu l’avait punie et qu’Il n’avait pas guéri sa blessure car elle ne
savait pas oublier son corps, se consacrer à Dieu et réprimer ses désirs. Elle
a pleuré, Rosa ; elle a pensé que le beau Jésus aux yeux bleus ne pouvait pas
être le fils d’un Dieu aussi rancunier, et dans ses prières elle a demandé à
la Vierge Marie qui était vraiment le père de Jésus. Elle lui a demandé qui
était le véritable roi.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

\- « Ce n’est a priori pas le plus subversif des livres de Sevgi Soysal, il
n’a pas été censuré contrairement à d’autres, mais le publier maintenant est
une bonne idée, je ne suis pas sûr que dans certains pays il ne serait pas
interdit, cinquante ans après sa première parution. Il prône la liberté de la
femme et sa totale indépendance vis-à-vis des hommes, thèmes encore tabous
voire blasphématoires pour certains. » Yves Mabon, Les Huit Plumes

À PROPOS DE L'AUTEUR

Sevgi Soysal est née à Istanbul en 1936. Après des études d’archéologie et de
théâtre, elle travaille au centre culturel allemand et à la radio tout en
commençant à publier dans des revues des textes inspirés par le courant du «
nouveau réalisme ». Elle joue au théâtre et publie son premier recueil de
nouvelles en 1962. En 1965, elle devient responsable de programmation à la
radio-télévision turque (TRT). La publication de Tante Rosa (1968) et de
Yürümek (« Marcher », 1970), lui valent la consécration littéraire mais aussi
la surveillance des autorités, qui ne voient pas forcément d’un bon œil cet
auteur qui aborde d’un point de vue ouvertement féministe les relations
hommes-femmes et l’institution du mariage. L’un de ses livres est même
interdit pour « indécence » et Sevgi Soysal fera plusieurs séjours en prison.
Après avoir été mariée trois fois, elle meurt d’un cancer à l’âge de quarante
ans, en 1976 à Istanbul. Depuis sa disparition, son œuvre fait l’objet de
nombreuses recherches universitaires et de nombreuses rééditions et
traductions en Turquie et dans le monde. Tante Rosa a fait aussi l’objet d’une
adaptation cinématographique sous le titre « Tante Rosa, je t’aime » en 1992
par Işıl Özgentürk.
S'identifier pour envoyer des commentaires.