Correspondance, 1873-1903
EAN13
9782940701124
Éditeur
Editions des Syrtes
Date de publication
Collection
ESSAIS
Langue
français
Langue d'origine
russe
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Correspondance

1873-1903

Editions des Syrtes

Essais

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Si la Philosophie de l’œuvre commune fait le bilan, grâce aux disciples de
Nikolaï Fiodorov, des idées et théories de ce dernier, des recherches qu’il a
menées tout au long de sa vie, dominées par le grand-œuvre de la
ressuscitation, sa Correspondance permet d’en suivre la gestation. Écrites
entre 1873 et 1903, les lettres de Fiodorov s’adressent à des correspondants
multiples, depuis ses deux principaux disciples – Nikolaï Peterson et Vladimir
Kojevnikov – jusqu’aux plus grands penseurs de son temps. Le ton s’y fait
souvent polémique, non par goût du débat ou de la contradiction, mais parce
que, passionné, littéralement possédé par son idée, Nikolaï Fiodorov ne
comprend pas que d’autres ne comprennent pas. Pour lui, le doute n’est pas
permis : il faut ressusciter toutes les générations passées. Et notre
philosophe de se lancer dans de méchantes diatribes contre les positions de
Léon Tolstoï ; et de répliquer, par articles interposés, à Fiodor Dostoïevski.
Outre les théories du penseur, les lettres révèlent, comme la plupart des
correspondances, surtout quand leurs auteurs n’envisagent pas un seul instant
qu’elles soient publiées un jour, un Fiodorov quotidien, avec ses problèmes de
logement et d’argent, son travail à la bibliothèque du Musées public de Moscou
et du Musée Roumiantsev, sa santé, ses congés passés dans la famille de
Nikolaï Peterson… Des coïncidences stimulantes Le plus intéressant, toutefois
– et le plus stimulant –, est ailleurs. Il réside dans « l’actualité » de
certaines interrogations de l’auteur des lettres, que l’on retrouve dans la
Philosophie de l’œuvre commune, mais qui paraissent ici plus spontanées, moins
intellectualisées. Si le terme d’actualité peut sembler étrange, compte tenu
de la distance temporelle, on parlera légitimement de coïncidences entre
l’époque dont datent les lettres et la nôtre. Dans les deux cas, l’Histoire
est à un tournant, une ère nouvelle s’annonce, qui laisse l’individu
désemparé. Les premières lettres sont écrites dans une Russie en plein
bouleversement : une dizaine d’années plus tôt (1861), le servage a été aboli,
avec, entre autres conséquences, une prolétarisation de nombreux paysans
n’ayant pour solution que de partir vers les villes, les usines et les
manufactures. L’industrialisation du pays, son urbanisation ne laissent pas
d’inquiéter Nikolaï Fiodorov qui y voit l’instauration d’un mode de vie
artificiel, à l’inverse de celui du village, où l’on travaille la terre, où
l’homme est confronté à la nature, où se côtoient naturellement la vie et la
mort. Écologiste avant l’heure, Fiodorov ? Il serait très exagéré de
l’affirmer. Néanmoins, on constate dans les lettres un intérêt persistant pour
les recherches scientifiques visant à maîtriser rationnellement, sagement, ce
que le penseur appelle « la force aveugle » de la nature, contre les périodes
de sècheresse ou, au contraire, d’inondations, contre les famines et les
épidémies. Ces dernières – il y en a plusieurs, notamment de choléra, dans la
période considérée – constituent une des préoccupations de l’auteur des
lettres, avec leur cortège d’isolements et autres quarantaines. Nikolaï
Fiodorov suit avec attention les premières expériences visant à déclencher des
pluies artificielles, effectuées aux États-Unis ; il milite pour la
transformation des forces armées, à travers le monde, en forces de lutte
contre les calamités naturelles, appelant pour cela les peuples d’Occident et
d’Orient à cesser de se combattre et de se détruire mutuellement. Si, bien
dans l’esprit de son temps, Fiodorov a foi dans le progrès scientifique et
technique, il n’y croit cependant pas aveuglément et dénonce avec vigueur la «
science de cabinet », abstraite, coupée de la vie réelle. Il en va de même
pour la politique, ainsi que pour tout travail intellectuel distinct de
l’action. La question de l’Histoire, de l’interprétation et de l’évaluation du
passé, est également centrale dans les lettres, non par goût des antiquités ou
passéisme, mais uniquement en lien avec celle de l’avenir. Ainsi la
Correspondance de Fiodorov, d’un point de vue certes russe et chrétien – les
religions, islam, protestantisme, catholicisme, orthodoxie, occupent une place
importante –, offre-t-elle au lecteur du XXIe siècle l’opportunité d’une
réflexion décrispée, distanciée, nécessaire, sur son temps. Nikolaï
Fiodorovitch Fiodorov né le 26 mai 1829 et mort le 15 décembre 1903 à Moscou,
est un philosophe, précurseur du mouvement cosmiste russe, ayant exercé comme
géographe et bibliothécaire. Il croyait en la possibilité du prolongement de
la vie, en celle de l'immortalité physique et de la résurrection des morts par
des moyens scientifiques. De son vivant, Fiodorov n’a publié que quelques
articles sous pseudonyme, le reste de ses travaux ayant été consigné et
transmis sous forme de cours. Poursuivant un idéal ascétique, il était
réticent à diffuser son œuvre, se contentant d’une modeste activité
d’enseignant puis, à partir de 1869, de bibliothécaire, notamment au musée
Roumiantsev de Moscou. La Philosophie de l’œuvre commune a vu le jour entre
1906 et 1913 dans des éditions réalisées par les disciples du penseur,
Vladimir Kojevnikov et Nikolaï Peterson.
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