Watership Down c'est un mélange de l'Odyssée d'Homère, de Full Metal Jacket de Stanley Kubrick et de Braveheart de Mel Gibson... mais avec des lapins! Récit d'aventure formidable autour de la quête d'une nouvelle garenne, ce best-seller mondial plus vendu que Harry Potter offre cette singulière expérience de penser "en lapin", de vivre "en lapin". Impossible de ne pas tressaillir à l'idée de voir Fyver ou le valeureux Hazel traverser un champ à découvert, à la merci des buses ou des chiens. Ne vous y trompez pas, c'est un roman adulte qui donne des sueurs froides mais qui a aussi le goût savoureux des livres de l'enfance. Plus jamais vous ne regarderez un lapin de la même façon.

Bob Dubois est réparateur de chaudières dans une petite ville du New Hampshire, propriétaire d'une maison et d'une voiture qu'il faudrait réparer, père de deux filles et marié à une femme charmante. Un cv qui ne vaut rien quand son frère, entrepreneur, l'appelle de Floride où les affaires semblent toujours florissantes. Un soir, la famille Dubois plaque tout et part pour le soleil de la côte Ouest. A plusieurs milliers de kilomètres de là, Haïti est balayée par un Ouragan. Pour avoir volé un morceau de jambon dans une voiture abandonnée, Claude et sa tante, Vanise, doivent quitter l'île et tenter d'atteindre l'Amérique... Avec ces personnages aux deux antipodes du rêve américain, Russel Banks démolit l'imaginaire qu'il lui est associé. Continents à la dérive est un roman dur mais d'une saisissante justesse et, hélas, d'une actualité brûlante, même 30 ans après sa première parution.

Le tableau des Mendiants de Bruegel l'Ancien est une énigme pour les historiens de l'art. Qui sont ces cinq loqueteux à l'allure déplorable et aux couvre-chefs étranges, d'où viennent-ils ? Sergio Aquindo, illustrateur au Monde, et Pierre Senges se sont emparés du mystère pour livrer une version très personnelle, magnifiquement illustrée, aussi irrésistible qu'iconoclaste, de cet étonnant tableau admirable au Louvre. Ils ont choisi leurs personnages parmi les plus grands ratés de l'histoire, ceux à qui les manuels n'ont jamais accordé ne serait-ce qu'une ligne, parmi lesquels un homme cruellement blessé dans son amour-propre, celui de ne pas avoir été élu au Saint-Siège : quelqu'un dans la pénombre a confondu Salvatore Plombo le juste avec Silvano Piombo le niais. L'infortuné se proclame antipape...Commence alors une épopée tragicomique à travers toute l'Europe pour s'allier les grands de ce monde. Erudit, plein de verve, ce voyage hilarant se double d'une superbe satyre du pouvoir et de l'ambition. A côté, le retour d'Ulysse à Ithaque ressemble à un tour de manège à dos de poney. Un OVNI littéraire à mettre entre toutes les mains!

Loin du faste Hollywoodien qui l'entoure pourtant, F. Scott Fitzgerald finit sa vie seul, loin de sa fille, de sa femme Zelda, internée, et de sa maitresse lassée de ses frasques. Il n'est qu'un scénariste parmi tant d'autres, rongé par l'alcool et couvert de dettes, que l'industrie du cinéma américain a broyé, ou du moins épinglé à son palmarès. Son statut d'écrivain, il le traine comme un boulet, incapable qu'il est désormais d'écrire quelque chose qui compte. Alors il s'échine sur des scénarios qui ne verront jamais le jour, ou des nouvelles refusées par les magazines littéraires.
Contournant la légende, Stewart O'Nan livre un récit intimiste, écrit à hauteur d'homme et nous invite à une ballade en noir et blanc dans la Cité des Anges qui n'a jamais si mal porté son nom. Sombre mais brillant.

Du No pasaran à la débâcle, de la Catalogne au Mexique en passant par la France, tout ce que la guerre d'Espagne a "offert" en désillusion, violence, indifférence, mais aussi en loyauté, en débauche d'énergie pour survivre, Les cahiers de Justo Garcia, instituteur de son métier, nous le donne à voir, à toucher. Alliant la rigueur d'un juge et la justesse de ton d'un homme qui a beaucoup vécu et est toujours revenu de tout, c'est un témoignage exceptionnel à ranger devant l'Hommage à la Catalogne d'Orwell et Pour qui sonne le glas d'Hemingway.